Le Président vient en Carladez, ce jeudi 1 juillet 2010. L'association lui souhaite la bienvenue et en profite pour lui écrire cette lettre.

Monsieur le Président de la République,

Vous allez avoir la chance de découvrir notre belle région, longtemps rattachée à la Principauté de Monaco, située au nord de l’Aveyron et au sud du Cantal : Le Carladez.

Notre association environnementale “Sauvegarde du Carladez”, riche de plus de 350 membres, vous souhaite donc la bienvenue.

Nous voulons cependant vous informer que nous luttons depuis plusieurs années contre des projets éoliens sur ce territoire, et que nos voisins du Cantal et de l'Aveyron sont également soumis à la pression harcelante des promoteurs de ce secteur.

Mr Borloo, dans sa circulaire du 7 juin dernier, nous gratifie de l’annonce de centaines d’éoliennes supplémentaires d’ici 2020 ! Et pourtant, nous avions beaucoup d’espoir, quand vous aviez déclaré le 4 novembre 2008 : ..." Je ne suis pas sûr qu'il y en ait beaucoup, parmi vous, qui voudraient être sous une éolienne ou l'avoir à la sortie de sa maison."...

Nous protestons contre cette perspective d’avenir qui fait fi du potentiel de croissance et des investissements publics ou privés engagés dans d’autres secteurs d’activités incompatibles avec le développement de l’éolien (tourisme vert, projet de parc naturel régional, protection de notre riche faune sauvage).

Notre capacité énergétique nord Aveyronnaise est basée sur la production de nos barrages hydro-électriques, gérés depuis des décennies par notre opérateur national et qui nous l’espérons en gardera le contrôle. Il contribue à la sécurité de l'approvisionnement national par une production de qualité (disponible en période de pointe) et quantitative car notre département consomme bien moins qu’il ne produit. Ces barrages sont devenus une richesse touristique et leurs réserves d’eau une assurance pour nos rivières en été.

Devons-nous laisser des éoliennes parasiter et fragiliser notre réseau électrique ? Pourquoi devrions-nous laisser saturer nos paysages par cette industrialisation qui est loin de faire consensus et dont les nuisances sont indéniables : sonores, visuelles, immobilières, sociales ? Ne nous répondez plus que la France s’est engagée à produire 23% d’énergies renouvelables et que l’on ne pourra y arriver qu’avec l’éolien ! Des centaines de milliers de Français attendent d’autres réponses.

L’effet d’aubaine du tarif de rachat couplé à une volonté politique de développement de cette filière nous laisse perplexes...

Le zonage qui se met en place est alarmant. Zones de Développement de l’Eolien, Schémas Régionaux superposant les schémas départementaux. Ne sommes-nous donc que des couleurs sur des cartes ?

Avons-nous besoin de cette production dont le développement ne profite pas à des entreprises nationales ? N’avons-nous pas d’autres solutions plus consensuelles et plus génératrices d’emploi ? Avons-nous à rougir du bilan carbone de notre production électrique ? Avons-nous besoin de calquer notre politique énergétique sur celle de nos voisins alors que nous avons su, de tradition, trouver nos solutions? Leur bilan énergétique est-il meilleur que le nôtre ? Notre balance commerciale ne se porterait-elle pas mieux si nous développions nos propres technologies ? Pourquoi tant d’avantages financiers au secteur éolien ? La qualité de vie en milieu rural n’est-elle pas une variable économique à prendre en compte ?

Ces questions simples et de bon sens ne semblent pourtant pas se poser au niveau de notre appareil décisionnel.

Nous ne voulons pas que notre Carladez et notre pays soient envahis de machines qui nous apparaîtront bientôt comme inutiles et ruineuses...

Bon séjour Mr le Président dans ce coin de France si cher à notre coeur et qui nous l’espérons fera bientôt parti du Parc Naturel Régional de l’Aubrac. Sachez, Monsieur, que notre détermination et notre vigilance à préserver nos paysages, l’économie qui en découle et le bien vivre ensemble, restent et resteront intactes.

Isabelle Ladoux Présidente de "Sauvegarde du Carladez"